Sunday, October 19, 2014

Ligne de course

Dans un cours de pilotage, il y a deux choses principales qu'on apprends.   La première, c'est la ligne de course.

Qu'est-ce que la ligne de course?  C'est un peu comme un chemin à suivre.  C'est une ligne qui fait le tour du circuit de manière « idéale ».  C'est à dire que c'est le chemin le plus rapide.  En voici le principe de base :
Dans une courbe, et le principe est le même peu importe le véhicule, plus le rayon de courbure est grand et plus la courbe peut être prise rapidement.  C'est assez évident quand on pense à la vitesse à laquelle on peut tourner un coin de rue vs. la vitesse à laquelle on peut négocier un léger changement de direction sur l'autoroute.

Donc conduire à l'intérieur de la courbe impose un rayon court et force une vitesse plus basse.  Conduire à l'extérieur permet d'aller un peu plus rapidement, et « allonger » la courbe en suivant extérieur – intérieur – extérieur permet de conserver la maximum de vélocité.



Le principe est simple et son application deviens intéressante lors d'enchaînements de courbes.  On peut faire un compromis et viser le milieu des deux lignes entres les courbes.  Ou on peut en sacrifier une pour favoriser l'autre.  Celle suivie d'une droite est plus importante parce que la vitesse de sortie va être conservée plus longtemps, et un meilleur régime moteur en début de droite va avoir un effet cumulatif un peu comme des intérêts composés.  De plus, l'inclinaison de la voie va influencer la ligne, comme une partie de la surface plus ou moins adhérente qu'une autre.

On apprends les principes, puis on apprends la ligne du circuit sur lequel on se trouve, puis on y va.  On l'essaye et on trouve le moyen de le suivre de manière régulière.  Puis on joue peut-être avec, pour l'adapter à notre moto et à l'utilisation qu'on en fait.

Avec de la pratique, on y arrive généralement assez rapidement.   Puis ont commence à bien sentir le circuit et à y voir la fluidité.   Quand ça c'est maîtrisé, on à toute notre concentration pour raffiner le pilotage.   Se concentrer à mieux sentir la machine et à mieux la guider.  À lui laisser plus de liberté, en terme de moteur et de mouvement, et à la restreindre d'une manière plus efficace, seulement lorsque c'est vraiment nécessaire.   À la laisser s'exprimer au maximum et à être arrêtée juste pour éviter les catastrophes.  Quand j'y pense, c'est un peu comme élever des enfants, non?

Donc c'est ce qu'on fait dans les cours et les trackdays.  Du moins la plupart du temps.  Parce que ça fonctionne merveilleusement bien lorsqu'on est seul.  On peut rouler où on veut, à la vitesse qu'on veut.  Mais pas quand on est dans un groupe et qu'on veut tous s’entre dépasser.  Parce que si on roule tous sur la même ligne, on va juste se suivre en file indienne.  Donc, pour aller plus vite que le gars d'en avant (le pronom masculin inclut ici les pilotes féminines), il faut arrêter de suivre le trajet idéal et emprunter un chemin plus dangereux.  C'est parfois intéressant, comme par exemple entrer en courbe par l'intérieur; il faut y freiner beaucoup plus et gaspiller pas mal d'énergie cinétique, ce qui nous pénalise encore plus en sortie de courbe.  Mais le gars qui était juste en avant et qui voulait suivre sa ligne peut plus y aller, parce qu'on est dans ces jambes… il doit freiner encore plus pour éviter de nous rentrer dedans.  Et faut avouer qu'on espère fort qu'il va le faire, sinon notre game va mal finir.  Mais s'il le fait, il est maintenant en arrière.   On peut maintenant reprendre la ligne.   Mais pas tout à fait, parce qu'il va nous faire le même coup à la prochaine courbe.  Ou un peu plus tard, pour pas qu'on perde notre temps à se chamailler et que d'autre nous rattrapent pour se joindre à la partie.  Peut-être qu'il va attendre quelque tours.  Mais pour être prêt, on peut préférer arriver plus à l'intérieur et laisser moins de place disponible pour se faire passer.

Donc il faut faire pleins de compromis.   Pas parce qu'on manque de concentration, mais de manière stratégique.

Je pense que c'est pareil dans ma vie.  J'ai appris pleins de choses qui me permettent de tracer ma ligne.   Et pleins de gens m'ont montré une partie de leur ligne.   Des fois c'est évident; je dors assez, je me sens bien.   Je fais de l’exercice, je me sens bien.  Je médite, je me sens bien.  D'autre fois, c'est moins évident.  Je veux bien manger, et c'est pas comme de choisir parmi les légumes de mon jardin… faut savoir quoi acheter, et pour ça faut savoir quoi manger.

Et cette ligne la, elle est tracée haut et fort par les compagnies qui on un profit à faire avec ce qu'on mange... Elle nous est tracée dans les médias et sur les tablettes d'épiceries, elle nous est tracée consciemment et inconsciemment.  Mais c'est pas une ligne à notre avantage.   Pour trouver notre ligne, il faut chercher puis il faut expérimenter.  Je sais pas encore c'est quoi exactement du glutène, mais je semble pas avoir de problème avec ça donc c'est pas prioritaire.   Par contre j'pense que je commence à comprendre les protéines, le glucides et quelques autres affaires.

Et ça aussi c'est le genre d'affaires qui fonctionne bien quand on est seul.  On se couche à l'heure qu'on veut, on médite quand on veut et on mange ce qu'on veut, quand on veut.  Mais à plusieurs ça fonctionne pas toujours.  Peut-être qu'on roule avec quelqu'un dont la ligne allergique ou morale dévie pas mal de la notre, ou peut-être avec quelqu'un qui suit une ligne plus commerciale ou dont la machine carbure différemment.  Dans tous les cas, faut s'adapter.   Pas oublier notre ligne et suivre par fixation, y dévier pour l'occasion et y revenir ensuite.

Ma ligne à moi, j'essaie de la compléter.  J'en ai trouvé quelque bouts, et j'en ai tout plein de bouts pas idéaux que je veux changer.  Et j'y dévie pas mal souvent en plus.   Mais quand je regarde le trajet que j'ai parcouru, j'suis fier de pas mal de mes courbes, surtout les plus récentes.  Et pour plein d'autres, soit j'm'y met (c'est-tu légal un mot avec deux apostrophes?) ou soit j'espère y repenser quand les courbes plus importantes seront maîtrisées.  A chaque bout de track maîtrisé j'ai plus d'énergie à mettre sur le reste.  J'ai plus de vitesse en sortie de courbe et j'ai plus de concentration à mettre sur la prochaine.  Je me sens mieux et j'ai de nouvelles prioritées pour m'occuper.

J'pense que j'ai assez tracé le parallèle; finissons avec un koan pour vos méditations : « Quel est le son d'une ligne rouge traversée? »

Billy

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